Quand je ne pense à rien, et que je me recueille, je vois des essences de couleurs et des lettres en profondeur
Des mots qui m’apparaissent tout en lumière et comme flous
Et je voudrais colorer de tous les mots des pages de carnets, distribuer toutes ces petites lettres que j’ai accueillies et avalées comme une bouillie sucrée
Délier les souvenirs, les images, les douceurs
Dépoussiérer les rancœurs, rejouer les conseils et les rencontres, imaginer l’avenir qu’on voit comme par l’indiscret entrebâillement d’une porte
Jeter le pont entre les rives, croiser des chemins, tisser un ouvrage de racines entremêlées
Rendre hommage à celles et ceux qui se sont évadés et qu’on porte en nous
Transcrire l’odeur du froid, l’air qui est imprégné de la pluie, le temps qui passe et installe l’habitude
Les émotions, la peine, la peur et la joie
Sentir l’amertume du sel qu’on lèche sur nos doigts l’été en sortant de la mer
Crier la vie, saisir l’énergie
Raviver le silence pesant, combler l’absence lourde
Prendre conscience des formes, et des murmures qui nous pénètrent malgré nous
Laisser libre mon esprit qui s’évade et danse loin dans la lumière avec les autres âmes chantantes
Écouter la clarté
Prendre confiance, prendre ce qui n’est pas donné.
S’arrêter, regarder ce qu’on perd peut-être : prendre une inspiration et sauter les yeux ouverts!