3 rêves qui m’ont saisie

On se réveille parfois encore tout imbibé de sommeil, baigné même des songes tous proches qu’on peut presque toucher. On ressent quelques fois les impressions, les frayeurs ou les plaisirs intenses qui nous ont traversés, avec autant de contours que s’ils avaient été réels.

Et le matin, on porte la trace de ces rêves qui nous ont effleurés ou saisis.

  1. Je me souviens d’un rêve ancien

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai rêvé de l’église Saint-Laurent, dont la façade classique imposante aborde les passants de la Gare de l’Est avec un message apocalyptique affiché sur une banderole, qui m’a toujours impressionnée.P1300867_Paris_X_eglise_St-Laurent_rwk

J’étais dans le jardin de l’enclos de l’église, à la tombée du jour, entre chien et loup, et je courais désespérément de mes jambes d’enfant, tandis que nous poursuivait un petit brigand avec un bonnet noir, dont l’ombre était pourtant immense.

Et ma mère et mon oncle, qui fuyaient devant moi avec leurs plus longues jambes, me criaient de me dépêcher, de presser ma course.

Je me réveillais toujours essoufflée, sans même avoir la certitude que j’avais atteint à temps leurs bras protecteurs.

2.  J’ai souvent dans mes pensées un rêve pénétrant qui m’a enveloppée toute entière, un mois environ après avoir perdu ma grand-mère, à l’époque où je traversais les journées hébétée par la peine et la douleur sourde et persistante de son absence.

Je me retrouve Boulevard de Strasbourg dans le Xeme, je file à en perdre haleine car on cherche à me voler mon téléphone. Parce que je cherche à me cacher, je retrouve dans mon sac les clés de l’appartement de ma grand-mère, que je sais déjà vide et dénudé, car il va être vendu.

Pourtant, je me lance et je me précipite vers le 5ème étage de l’appartement rue du Château d’Eau. En ouvrant la vieille porte dans l’obscurité, je suis surprise de trouver la maison comme je l’ai toujours connue : chaude et lumineuse.

Je soupire de joie, je crois que je pleure de soulagement et de reconnaissance, parce que ma grand-mère est en vie, la mort avait tort et je me suis trompée !

En me précipitant vers elle, je veux la couvrir de fleurs et la faire sortir, lui montrer comme dehors la vie a suivi son cours, mais je la vois effondrée et en pleurs : ses traits défaits et fanés portent son désespoir. Elle m’apprend que ce n’est pas elle qui est morte : c’est son fils.

Je suis frappée, mais je réponds que ce n’est pas ce qui importe, car nous sommes réunies, car nous nous sommes retrouvées et que nous serons ensemble comme avant,  quand elle crie : « Tatiana, ouvre les yeux ! Ce n’est pas à ton oncle d’être mort, c’était mon tour ! C’est moi qui dois mourir pour que vous viviez ».

En dehors du fait qu’on peut s’interroger sur les capacités de ma grand-mère à me contredire éternellement, comment ne pas être saisi par sa volonté de m’ouvrir les yeux pendant que je dormais, de m’enjoindre d’abandonner mes illusions enivrantes pour vivre ?

En m’éveillant, je sentais ses mains qui me secouaient sans douceur et sa voix qui résonnait en moi : Ne marche plus seule dans la nuit (boulevard de Strasbourg ou ailleurs) et laisse partir la peine !

3. Et cette nuit, j’ai rêvé d’aventures.

J’ai  rêvé de paysages étendus et verts, de nature vibrante, de montagnes à gravir, et de rivières qu’on traverse.

Je me jetai à l’eau sans espoir, et dans ma surprise je parvenais à remonter le courant comme un poisson, je nageais et prenais de la vitesse, puis je filais contre toute attente vers les profondeurs où j’atteignais la sérénité.

Ensuite, j’étais face à une paroi rocheuse, et je comprenais que pour la gravir je devais me coucher sur la pierre, et l’écouter pour en découvrir les secrets. J’étais effrayée, impressionnée par la hauteur et par la pente escarpée, mais je savais aussi que creusées dans la roche il y a des cavités où l’on peut se réfugier, pour reprendre des forces et s’atteler à l’ascension, pas à pas.

Au matin, je suis restée songeuse, caressée et imprégnée des reliefs de mon rêve.

Une réflexion sur “3 rêves qui m’ont saisie

  1. Tatiana tu écris très bien je suis presque dans le même état que lorsque je me réveille avec le souvenir très présent d’un rêve angoissant .
    Et je suis très émue preuve de ton réel talent .
    Tu as raison de vouloir te lancer dans la carrière

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