Les 3 phrases de ma grand-mère que j’emporte avec moi

Ma grand-mère avait coutume de prononcer et de répéter des phrases et des dictons qui sont souvent en ma mémoire.

  1. « Badz dobrej mysli », dont la traduction du polonais est « Sois de bonne pensée ». Il ne s’agit pas seulement de rester positif, mais de garder des pensées positives en tête et en soi, de rester ouvert, confiant et en éveil. Ma grand-mère me criait cette phrase quand j’étais dans le couloir sur le point de partir, pour me rappeler sur le départ que si j’étais décidée et imprégnée de pensées positives, de bonnes choses allaient m’arriver.

2. Le conte philosophique préféré de ma grand-mère était :

Deux sœurs avait chacune un mari, l’un était un bon, l’autre mauvais. La sœur qui avait un bon mari dit à sa mère qu’elle voulait le quitter. Sa mère lui répondit : « Quitte-le. Ton mari est bon, tu en auras un meilleur. » L’autre sœur vint trouver sa mère à son tour, et lui dit qu’elle voulait elle-aussi quitter son mari. Sa mère répliqua : « Ne le quitte pas. Ton mari est mauvais, tu n’en trouveras qu’un pire. »

Je n’ai jamais vraiment compris le sens de cet aphorisme, mais ma grand-mère le trouvait fort à propos et l’utilisait souvent pour conclure une conversation, sans toutefois vouloir m’en expliquer la signification. Parfois, je trouve rassurant de penser que je suis prise dans un conte qui m’est narré, que le temps défile comme un livre déjà écrit.

  1. Quand ma grand-mère évoquait son mari, elle disait fièrement qu’elle avait épousé un Mensch, un homme intègre et courageux, un homme de valeur, et elle m’en donnait sa définition:  « Comme un Mensch, ton grand-père a construit sa maison, établi ses enfants, et planté un arbre. »

Les deux premiers termes de l’explication de l’homme admirable en Yiddish sont plutôt traditionnels. C’est l’idée facile qu’on se fait d’un homme viril : c’est un homme suffisamment solide pour bâtir un foyer, qui agit et prend des décisions, lance ses enfants dans la vie et les met debout sur leurs pieds, en leur garantissant une éducation et un métier, en leur inculquant des valeurs et des idées.

Non, ce qui me séduit dans la définition de ma grand-mère, c’est l’aspect complet que revêt la réalisation de planter un arbre, de faire naître la vie et les idées. Etre un Mensch, c’est imaginer et construire, faire fleurir, prendre soin et surtout laisser une trace et un héritage. Un Mensch laisse une empreinte : au sol et dans l’esprit.

Cependant, j’ai pris des libertés par rapport à la définition de ma grand-mère, une respectueuse distance teintée de modernité. Je ne suis pas prête à attendre de rencontrer mon Mensch de mari. Un Mensch peut-être une femme, je suis mon propre Mensch : j’ancre les racines de mon arbre.

 

 

2 réflexions sur “Les 3 phrases de ma grand-mère que j’emporte avec moi

  1. TATIANA dans ta définition du « mensch » tu oublies le courage qualité essentielle de ton grand-père .
    Le conte sur les 2 sœurs signifie à mon avis qu’il y a des gens chanceux et d ‘autres malchanceux quoi qu’ils fassent .
    Affectueusement Anna

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